Vivre sans, une philosophie du manque, part d’une réflexion sur la multiplication des étiquettes mettant en avant la préposition « sans » : sans huile de palme, sans sucre, sans alcool, sans paraben, etc. Il est étonnant que la valeur ajoutée d’un produit soit désormais l’absence d’un ingrédient qui s’y trouvait auparavant. C’est l’absence désormais que l’on achète, et non le surplus. Pourquoi ? Parce que ce « sans » véhicule avec lui toute une idéologie : le combat écologique et la santé, devenus maîtres mots du marketing « éthique ». Ainsi, le capitalisme qui repose sur la croissance et la consommation a réussi à retourner le mot d’ordre de décroissance et à l’incorporer dans son marketing. A partir de ce constat, il s’agit de chercher dans l’histoire de la philosophie la façon dont on a pu penser le manque, et son pendant : le désir.
#monde contemporain #éthiqueethistoiredelapensée
Mazarine M. Pingeot est normalienne agrégée de philosophie, docteure en philosophie et Habilitée à diriger des recherches. Elle enseigne à sciences-po Bordeaux et est chercheuse au Centre Émile Durkheim. Ses travaux cherchent à articuler une critique du contemporain à une structure métaphysique. A titre d’exemple, La dictature de la transparence (Robert Laffont) mettait au jour les contradictions philosophiques de l’injonction morale de la transparence. Son dernier ouvrage Vivre sans, une philosophie du manque (Climats Flammarion), met en évidence ce que sous-tend la promotion du « sans » en régime capitaliste, et la transformation du manque en plein, au détriment d’une dimension fondamentale d’un manque irréductible. Elle a également travaillé sur la question de la mémoire et des subjectivités, ainsi que sur l’enfance en philosophie (Les enfants et les fous, Classique Garnier). Elle co-dirige avec Sophie Normdann la collection Disputatio (MialetBarrault éditions), préside le festival Philosophia Saint-Émilion et est par ailleurs autrice de romans.
Participation 5€ / Tarif réduit 2€.
Gratuit pour les lycéens, les apprentis et les étudiants.
(entrée par la rue de l’église Saint-Vincent)
Conférence du 3 juin