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LA PHILOSOPHIE, C’EST COMME LA CUSINE
L’association Philomania a eu l’excellente idée d’organiser à La Source un Café-philo en avril 2022. Elle y reviendra le mardi 24 janvier 2023, aussi L’indien a tenu à rencontrer sa présidente, Marie-France Cano, et l’un des animateurs, Nicolas Desré.
L’indien : Quels sont les objectifs de Philomania ?
L’association Philomania, créée en 2014, a un double objectif :
• promouvoir la réflexion personnelle et collective, le dialogue, la discussion et le débat sur des sujets de société,
• créer du lien social entre les participants par des moments de convivialité qui ont lieu à la fin de chaque débat ou conférence.
L’indien : Quelles sont les activités de Philomania ?
Philomania a deux activités principales :
• des conférences, qui pour l’instant ont lieu à la Maison des lycéens du lycée Jean Zay. Elles sont ouvertes à tous et animées par un intervenant spécialiste du sujet traité. Les sujets sont variés, par exemple Soin et fin de vie, aurons-nous la lucidité pour décider ? prévu le 22 novembre, ou bien Grandeur et décadence de l’utopie capitaliste le 28 février.
• les Cafés-philo qui ont lieu chaque mois. Ils sont animés alternativement par deux professeurs agrégés, Laurence Lacroix du lycée Voltaire, et Nicolas Desré du lycée Jean Zay.
L’indien : Croyez-vous que la philosophie soit un sujet de préoccupation des Sourciens ?
La philosophie peut sembler en dehors de la réalité quotidienne vécue. On peut avoir le sentiment qu’elle est réservée à une pseudo élite, la majorité de la population française n’ayant jamais suivi un cours de philosophie, ou au mieux quelques heures dans certaines classes de terminale. Mais la philosophie que nous pratiquons dans les cafés-philo n’est pas scolaire. Il peut nous arriver de citer Socrate, mais aussi Jacques Chirac ou Coluche. Dans les cafés-philo, la philosophie part de nos vies et parle de nos vies. Ce n’est pas un savoir, c’est une pratique.
L’indien : Comment se déroule un café-philo ?
Les participants proposent des sujets de débat, de tous ordres : la fraternité, la tolérance, la violence, le conflit, le blasphème. Ensuite un vote à main levée permet de sélectionner démocratiquement le sujet qui intéresse la majorité.
Puis la discussion commence. Ce n’est ni un cours de philosophie, ni une discussion de comptoir. Chaque contribution individuelle enrichit la réflexion. Personne n’est obligé de participer, on peut être un membre actif en restant silencieux. Les participants s’écoutent, se respectent, reformulent. Le débat n’est pas un combat, c’est l’écoute de l’autre. Parfois on entend « C’est vrai, je n’avais jamais pensé à ça ! ». L’animateur distribue la parole, ouvre des pistes de réflexion, et en fin de séance propose une synthèse et une conclusion.
L’indien : pourquoi avoir choisi cette façon de procéder ?
La raison principale est que nous voulons sortir du « prêt à penser », des lieux communs répétés dans les médias et rarement remis en cause.
C’est aussi pour cela que le sujet du débat est choisi en début de réunion. Il n’est donc pas connu à l’avance, ni des participants, ni de l’animateur. Personne ne peut préparer la discussion en recherchant des idées manufacturées sur internet. Nous partons du principe que chacun est doué de raison et peut penser par lui-même. Il peut se tromper, ne voir qu’un aspect du problème, et c’est en se confrontant à d’autres personnalités, d’autres histoires de vie, d’autres idées, qu’il peut se rapprocher de la vérité. En fait, on pratique la philosophie comme on fait la cuisine : on peut acheter des plats tout préparés, aller au restaurant, ou cuisiner soimême. Et il est plus agréable de cuisiner pour plusieurs personnes que pour soi tout seul. On philosophe comme on cuisine, grâce aux autres, avec les autres, pour les autres.
Nous nous inscrivons aussi dans un projet d’éducation populaire, afin de permettre à chacun de s’épanouir et de trouver sa place dans la société. Le savoir et la culture ne sont pas réservés à une élite, chacun peut les acquérir et les partager. Chaque personne peut réfléchir et être critique sur ce qu’elle lit ou entend, tout en restant tolérante. C’est nécessaire pour s’émanciper, exercer son métier de citoyen, et défendre son droit au bonheur.